"Sous la lune de Taisho : Un shojo historique aux graphismes froids mais somptueux.

Sous la lune de Taisho



Résumé :
"Japon, ère Taisho. Tamako est l’unique héritière de sa famille. Pour assurer sa lignée, elle doit vite se marier. Mais quand elle s’éprend de Terashima, médecin de bas rang, ce sont toutes les conventions sociales qui volent en éclat. Doit-elle se conformer aux exigences de la bienséance ou se laisser aller à ses désirs ? Quel avenir pour cet amour interdit à une époque où la pression sociale et les apparences ne laissaient pas de place à la liberté ?"

Titre : Sous la lune de Taisho
Auteur : Ebira Hiromi
Genre : Manga
Éditions : Akata
Publications : 2019
Prix : 6€99
Thèmes : Amour impossible


Mon avis :

L'histoire de ce one shot se déroule dans le contexte du Japon des années 20.  On y suit Terashima, un médecin d'origine roturière. Ce dernier doit examiner Tamako une jeune femme de 16 ans qui souffre de problèmes respiratoires. Mais Tamako n'est pas n'importe qui ; elle est la seule héritière d'un compte et doit se marier au plus vite afin qu'elle enfante d'un garçon qui permettra d'assurer la descendance, et donc, le statu social de sa famille. Mais le diagnostique de Terashima se révèle inquiétant pour les proches de Tamako : celle-ci serait souffrante de crises d'angoisses dues aux recherches obligées d'un mari.  

De la rencontre entre ces deux personnages adultes : un médecin professionnel et une jeune femme de la haute société, nait un amour interdit qui défit les diktats de l'ère Taïsho.

Ce manga tragique, dont l'histoire se détache de l'idée que j'avais des shojos abordant le thème de l'amour impossible, est très bien construit. Ici, on aborde un récit historique imprégné de la culture japonaise. C'est l'ambiance calme et posé de l'ensemble de cette oeuvre ainsi que le travail de certains graphismes comme des estampes qui permettent à ce manga de se détacher de tout ce que j'ai pu lire auparavant.

Les traits fins et précis de Ebira Hiromi traduisent une ambiance froide et distante. Je crois que c'est ce qui m'a le plus marqué dans cette lecture. On a l'impression d'être intrusif lorsque l'on se penche sur les planches de Ebira Hiromi.
Les graphismes semblent eux même victimes du contexte dans lequel l'histoire se déroule. Le dessin de cette mangaka va à l'essentiel, est déterminé et engage une histoire courte.

La portée de "Sous la lune de Taisho" me semble aller au delà d'une simple histoire d'amour impossible... Certains passages rendent ce manga féministe. En effet le rôle de la femme est tant que corps reproducteur est remis en question. De la même façon, sont mis ici en valeur, des personnages considérés comme des "sous êtres", interrogant ainsi les tabous sociaux et la pression qui en découle. Je pense que le travail de contextualisation et la volonté d'aller au delà de l'histoire d'un simple amour interdit sont les raisons pour lesquelles j'ai beaucoup aimé cette petite lecture. Elle m'a même semblé trop courte !

Le petit plus ?

le travail de la maison d'édition autour de ce roman me semble très intéressant. Le titre et la couverture ont été changé de celle d'origine, utilisé pour la publication de cette oeuvre au Japon. La couverture est poétique et connote un travail d'estampe lié à une affiche d'Art Nouveau, liant ainsi deux cultures des années 20 (Européenne et Japonaise) et permettant de rendre l'oeuvre plus accessible à un public français. Je ne sais pas si ce lien était volontaire, mais c'est ce qui m'a donné envie de me pencher sur ce manga. 

Pour ce qui est du graphisme du titre, le travail de la lettre "O" de "Taishö" rappelle avec evidence un arc. Cela réfère au titre original de cette oeuvre qui était : "Diana", une déesse de la mythologie romaine, un titre fort pour ce manga hors du commun... Je vous laisse découvrir pourquoi en lisant à votre tour ce très beau manga !

Citations :

"Je crois que votre coeur crie le désespoir que votre rang fait peser sur vous"



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